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Certains crieront au génie, d’autres à la déception… On peut aussi en ressortir perplexe avec le sentiment que ce film tant attendu, frôle de près le statut de chef d’oeuvre. Dans tous les cas, The Revenant ne laissera personne indifférent.
1823. Dakota du Sud. Un trappeur nommé Hugh Glass se fait attaquer par un ours. Les leaders de l’expédition promettent de l’argent à deux hommes s’ils restent auprès de Glass jusqu’à sa mort. Ils ne respectent cependant pas leur engagement et finissent par l’abandonner. Grièvement blessé, Glass puise dans ses dernières forces pour les rattraper et se venger.
Basé sur le livre éponyme de Michael Punke, inspiré de l’histoire vraie de Hugh Glass, The Revenant est un survival aussi glacial que glaçant. Deux des plus grandes qualités du film. Tourné sur neuf mois en lumières naturelles par des températures pouvant descendre jusqu’à – 25 degrés, The Revenant offre aux spectateurs des plans dont la beauté frappe tout autant que la cruauté. On est tout bonnement sidéré par la maîtrise du réalisateur Alejandro González Iñárritu ainsi que celle du directeur de la photographie Emmanuel Lubezki*. Deux talents qui n’étaient pourtant plus à démontrer et qui devraient décrocher un Oscar chacun à la fin du mois. Sans trop en dire, on peut déjà assurer sans se tromper que la scène de l’attaque de l’ours et bien d’autres, devraient rester dans les annales du cinéma.
L’autre réussite de ce western venu du froid est incontestablement l’implication sans faille de ses acteurs. On sait déjà que Tom Hardy est l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Il incarne ici, avec cette facilité toujours aussi déconcertante, une pourriture de la pire espèce. Il n’est pas très difficile de prendre parti pour Hugh Glass. Leonardo DiCaprio qui a préféré ce rôle à celui de Steve Jobs finalement dévolu à Michael Fassbender, se donne sans compter. Il trouve avec le personnage de Glass, son rôle le plus éprouvant. Mérite-t-il un Oscar ? Oui, définitivement et ce, depuis des années. Mais le mérite-t-il pour The Revenant ? Oui et non. Son interprétation mérite bien des trophées mais celle-ci est avant tout physique. Il l’aurait davantage mérité pour son hallucinante performance dans Le Loup de Wall Street. S’il le décroche à la fin du mois (et cela devrait être le cas), son Oscar sonnera davantage comme une récompense pour l’ensemble de sa carrière… comme une revanche sur toutes celles ratées jusqu’ici.
La seule chose agaçante et dispensable dans The Revenant est sa succession de scènes crypto-mystiques (tantôt chrétiennes, tantôt amérindiennes). L’homme tiraillé entre ses instincts primaire et spirituel est un thème intéressant mais affaiblit le film. The Revenant a tendance à trop verser du côté d’une oeuvre de Terrence Malick – qui fit d’ailleurs plusieurs fois appel à Emmanuel Lubezki (Le Nouveau Monde, The Tree of Life). Le dernier film d’Iñárritu n’en reste pas moins une expérience hors du commun à vivre absolument sur grand écran.
* Emmanuel Lubezki remporterait son troisième Oscar de la Meilleure photographie. Il en a déjà gagné deux grâce à son travail sur Gravity et Birdman. Ce dernier film est également réalisé par Alejandro González Iñárritu. Celui-ci a d’ailleurs décroché l’Oscar du meilleur réalisateur pour ce film.
En un mot, The Revenant est :
Sortie : 24 février 2016
De : Alejandro González Iñárritu
Avec : Leonardo DiCaprio, Tom hardy, Will Poulter, Domhnall Gleeson, Lukas Haas…
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