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Transposition d’une série à succès des années 50, elle même adaptée d’un feuilleton radiophonique de 1933, Lone Ranger raconte les aventures du justicier masqué John Reid qui lutte contre la criminalité aux côtés de son acolyte l’Améridien Tonto. Disney à la distribution, Gore Verbinski à la direction, Jerry Bruckheimer à la prod’ et Johnny Depp au casting, on retrouve à la tête de cette nouvelle version ciné, toute l’équipe de Pirates des Caraïbes… Pour le meilleur et pour le pire.
Lone Ranger ne mérite aucunement son flop US. Sans être un chef d’œuvre, ce n’est pas non plus un mauvais film. En fait, son principal défaut, le plus irritant surtout, est de gâcher systématiquement la moindre de ses qualités. À commencer par son héros. La mise en scène qui tire (trop) sur le burlesque ne rend pas justice aux talents de tragédien d’Armie Hammer. Toute la subtilité de l’acteur qu’on avait pu admirer dans The Social Network ou J. Edgar, est ici balayée à coups de facéties. Le personnage de Tonto, dont le triste passé méritait d’être développé, est lui relégué au rôle d’amuseur public. Johnny Depp s’efforce de réduire les rictus et autres simagrées façon Jack Sparrow mais la supercherie tourne court quand on se rend compte que l’acteur n’a fait que remplacer le costume du pirate bavard par celui de l’Améridien taciturne. Les femmes ne font mieux guère. La faute à des rôles secondaires sans saveur. Ruth Wilson (Luther, Anna Karenine) vaut bien plus que ce personnage cliché de la « demoiselle en détresse » quand Helena Bonham Carter hérite d’un rôle franchement superflu. Lone Ranger aurait également gagné à approfondir certains sujets, comme le massacre des Indiens ou la naissance des chemins de fer ternie par la corruption. C’est quand le film aborde ces thèmes qu’il se révèle le plus captivant.
Il faut par contre l’avouer, on ne s’ennuie pas une nano-seconde en deux heure trente, ce qui est déjà en soit une incroyable performance. On ne lâche pas non plus l’écran des yeux, époustouflé par des cascades de haute volée et des fantastiques chevauchées au milieu de déserts et autres décors à couper le souffle. Mais même ici, on altère notre plaisir, en illustrant par exemple de manière totalement inadéquate une formidable course-poursuite avec le célèbre « William Tell Overture » de Gioachino Rossini (que vous pouvez écouter ci-dessous). Une envolée musicale qui aurait été la bienvenue si le film avait été une parodie.
Entre drame et comédie, il faut choisir. À force d’osciller en permanence entre western héroïque et Disney tout public, le film perd de sa force et pour parler vulgairement se retrouve « le cul entre deux chaises ». À défaut d’être déçu, on en ressort frustré. Lone Ranger aurait pu être une œuvre flamboyante et n’est au final qu’un bon divertissement. Dans le genre western moderne, il fait toujours mieux que Wild Wild West ou Cowboys & envahisseurs mais reste bien en dessous de l’excellent True Grit.
William Tell Overture – Gioachino Rossini
L’info en plus : pour le personnage de Tonto, le maquilleur Joel Harlow s’est inspiré du tableau I Am Crow de Kirby Sattler.
Titre original : The Lone Ranger
Sortie : 7 août 2013
De : Gore Verbinski
Avec : Armie Hammer, Johnny Depp, Ruth Wilson, Tom Wilkinson, William Fichtner, Barry Pepper, James Badge Dale, Helena Bonham Carter…
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