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Cinq ans après le décevant Australia, Baz Luhrmann revient en grande pompe avec une nouvelle version ciné du célèbre roman de F. Scott Fitzgerald (1925). Après Romeo + Juliet et Moulin Rouge, le réalisateur australien reste fidèle au genre qui a fait son succès : la passion flamboyante mais condamnée. Résultat ? Il serait peut être tant pour lui de changer de registre. Si la bande originale anachronique est du plus bel effet (surtout le sublime Young and Beautiful de Lana Del Rey) et les costumes de Catherine Martin éblouissants, le montage épileptique et la direction artistique pompeuse donnent le tournis. L’esthétique est folle, à l’image des années dans lesquelles l’intrigue de Gatsby prend place. Mais peut être trop folle. Si le goût pour l’ostentatoire de Baz Luhrmann seyait au cabaret de son Moulin Rouge, il est ici à la limite du dégoulinant. On aurait préféré, à l’image du film de Jack Clayton avec Robert Redford (1974), un style un tantinet plus classique.
Le cinéaste a déclaré qu’il n’aurait pas fait le film si Leonardo Dicaprio avait refusé le rôle. Un choix plutôt judicieux car sans l’acteur, Gatsby le magnifique aurait été d’une insignifiance absolue. Quand Leo n’incarne pas des hommes tourmentés (Les infiltrés, Shutter Island) ou visionnaires (Aviator, J. Edgar), il joue sur notre corde sensible et interprète les jeunes premiers voués aux romances maudites (Romeo + Juliet, Titanic). Ou dans le cas du film de Lurhmann, les trois à la fois. Avec Gatsby, l’acteur de 38 ans (déjà) prouve pour la milliardième fois qu’il est le meilleur acteur de sa génération. Peu importe qu’il n’ait toujours pas remporté d’Oscar ou qu’il n’en remporte jamais, car tel un Clark Gable ou un James Stewart et tous ces acteurs mythiques de l’âge d’or d’Hollywood, il restera une grande légende du cinéma. Seize ans après Titanic, la Leo Mania n’a finalement jamais pris fin.
Seuls Joel Edgerton (toute en force et présence) et Elizabeth Debicki (sublime actrice méconnue) parviennent à sortir, de l’ombre de Leo. Peut être parce qu’ils sont ceux qui partagent le moins de scènes avec lui. Tobey Maguire, narrateur et BFF de Gatsby, est quant à lui bien fade dans le rôle de Nick Carraway. Carey Mulligan est elle plutôt convaincante dans le rôle de Daisy, bourgeoise frivole pas un seul instant digne de l’amour que lui porte Gatsby. Mais la personnalité de cette insupportable Kardashian des années 20 et l’absence totale d’alchimie entre l’actrice britannique et Leo ne nous transportent pas. En bref, Baz Luhrmann signe son film le moins émouvant mais offre à Leo, l’occasion de briller encore un peu plus.
Titre original : The Great Gatsby
Sortie : 15 mai 2013
De : Baz Luhrmann
Avec : Leonardo Dicaprio, Carey Mulligan, Tobey Maguire, Joel Edgerton, Elizabeth Debicki, Isla Fisher, Jason Clarke, Callan McAuliffe…
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