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Favori aux Oscars, Boyhood est un film révolutionnaire de par sa conception. Richard Linklater a en effet filmé les mêmes acteurs sur une période de douze années (pendant quelques jours par an). Mais si on est impressionné par l’ampleur du projet et l’implication des acteurs qui auraient pu mille fois déserté le navire, on l’est nettement moins par son intrigue. Au début du film, le petit Mason n’a que 6 ans. Il vit avec sa sœur aînée et sa mère qui vient de reprendre ses études. On suit ensuite le quotidien tant familial que personnel de ce garçon qui grandit à vue d’œil en trois heures. Un concept fort et intéressant sur le papier mais d’un léger ennui sur grand écran. On se demande même si Boyhood ne serait pas un peu surestimé.
Si voir vieillir les acteurs permet une cohérence tant scénaristique que physique, tout le reste à côté paraît bien fade. On ne s’attache pas vraiment aux personnages dont certains peuvent même se révéler carrément agaçants (notamment Sam, la sœur de Mason). Les merveilleux Patricia Arquette et Ethan Hawke héritent de beaux portraits de parents mais ça ne suffit pas pour nous séduire. Boyhood se concentre avant tout sur leur fils incarné par Ellar Coltrane. Le jeune acteur est loin d’être mauvais mais manque de charisme pour nous embarquer. On a plus l’impression de survoler sa vie que de la vivre avec lui. Douze ans est clairement une trop grande période.
Boyhood se laisse voir – on apprécie même sa poésie – mais il lui manque « ce je ne sais quoi » pour nous emporter totalement. On ne rit pas devant Boyhood. On ne pleure pas non plus. Devant le désir de réalisme affiché par Linklater, on ose penser quelques fois à une sorte de film à la Kechiche. Sauf que l’Américain ne possède pas le quart de la crudité du Français. Il ne prend jamais aux tripes.
Sortie : 23 juillet 2014
De : Richard Linklater
Avec : Patricia Arquette, Ethan Hawke, Ellar Coltrane, Lorelei Linklater…
2 Comments
c’est par ce que tu est française et que tu ne connait pas le phénomène mgtow et mra qui est arrivé en Amérique que tu ne comprend pas l’intérêt de ce film.
Je ne vois pas le rapport entre ces deux phénomènes et le film.