Dans Rush, Ron Howard revient sur la rivalité qui opposa Niki Lauda et James Hunt sur les pistes de Formule 1. Pour le technicien autrichien, comme pour le playboy britannique, la course automobile sonne dès leur plus jeune âge comme une évidence. Le premier coupe les ponts avec sa famille trop bourgeoise qui rejette sa vocation tandis que le second envoie balader ses études de médecine. Tous deux enchaînent les petits boulots avant de faire leur entrée dans la cour des grands en 1971. Très vite, ils sortent du lot tant par leur talent respectif que leur style aux antipodes l’un de l’autre. Pendant que Lauda, surnommé « l’ordinateur », est repéré par Ferrari, son rival réputé pour son sens de la fête et son amour des femmes (il ne quitte pas son badge « Sex is breakfast of champions »), intègre l’équipe McLaren.
Leur dualité sportive atteint son paroxysme lors du Grand Prix du Japon en 1976. Quelques mois auparavant, Niki Lauda est victime d’un grave accident. Après avoir perdu le contrôle de sa voiture qui prend feu, il est grièvement blessé au visage et aux poumons. Tout le monde le pense finit, il reçoit même les derniers sacrements sur son lit d’hôpital. C’est sans compter sur la détermination de ce perfectionniste. Boosté par les exploits de Hunt qui remonte dans le classement durant son absence, il reprend rapidement le volant. Au Japon, on attend leur face à face final mais l’Autrichien abandonne à la fin du second tour refroidi par les cordes de pluie qui brouille son champ de vision. Il offre du même coup la victoire à son rival qui finit premier avec 69 points, soit un point d’avance sur Lauda (loin derrière, le Sud-Africain Jody Scheckter arrive 3e avec 49 points).
« L’ordinateur » se rattrape l’année suivante en remportant une seconde fois le championnat du monde (il était déjà sorti victorieux en 1975). Il continue de courir jusqu’en 1985 après l’obtention d’un troisième et dernier titre en 1984. Un seul titre aura, par contre, suffit à Hunt qui prend sa retraite en 1979. La BBC qui n’est pas passé à côté de sa tchatche, l’embauche pour commenter les Grands Prix. Ce qu’il fera jusqu’en 1993, année où il décède d’une crise cardiaque à l’âge de 45 ans. Lauda devient quant à lui consultant pour Ferrari tout en fondant deux compagnies aériennes (Lauda Air en 1978 et Niki en 2003). Il remonte brièvement en voiture au début des années 2000 avant de stopper définitivement sa carrière et devenir à son tour commentateur.
Concurrents sur le terrain, Niki Lauda et James Hunt étaient loin de l’être dans la vraie vie. Aujourd’hui âgé de 64 ans, Lauda s’est récemment confié au Telegraph. On apprend que leur supposée rivalité ne les a pas empêché d’aller boire quelques coups ensemble et de partager une grande admiration mutuelle : « Il y a les bons coureurs et les mauvais et puis il y a ceux qui sont vraiment talentueux et difficile à battre. James étaient l’un d’eux », déclare Lauda. « Nous nous respections beaucoup l’un et l’autre. Si l’un de nous faisait une erreur quand nous conduisions côte à côte à 300 km/h lors de virages, nous risquions tous deux d’être tués. Hunt était quelqu’un sur qui on pouvait compter pour être vraiment précis ». Lauda qui a vu et aimé Rush revient notamment le travail de Daniel Brühl qui l’incarne dans le film : « Je pense qu’il a fait un travail extraordinaire. La première fois que j’ai vu le film, je me suis dit : ‘M**de. C’est vraiment moi ». Il regrette par contre qu’Hunt ne soit plus là pour découvrir Rush : « Le plus triste c’est qu’il ne soit plus ici maintenant. J’aurais aimé qu’il voit le film car je suis certain qu’il l’aurait aimé ».
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