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Repéré par Netflix au dernier festival de Sundance, The Incredible Jessica James n’est visible que sur la célèbre plateforme. Saturées de franchises et autres suites ou préquels, les salles obscures en oublient trop souvent de proposer au spectateur de nouvelles oeuvres. Netflix semble également en avoir fait le constat et offrir de plus en plus de films inédits à ses abonnés. Privé de grand écran (mais pouvant se targuer de posséder une trame originale), le film de James C. Strouse n’en vaut pas moins le détour.
Avec la superbe Jessica Williams, révélation totale de cette comédie, The Incredible Jessica James, à ne pas confondre avec Jessica Jones, pourrait se vanter elle aussi d’être une super héroïne. Minée par une rupture, cette jeune new-yorkaise dont les pièces de théâtre ne rencontrent pas le succès, jette son dévolu sur un concepteur d’applications divorcé après un premier rendez-vous improbable. Le film est pourtant loin d’être une simple comédie romantique et porte très bien son titre. Mix entre un épisode de Girls (en moins vulgaire), un film de Woody Allen et un épisode de la magistrale série Master of None au féminin, The Incredible Jessica James se concentre exclusivement sur son personnage principal auquel on s’attache instantanément. Le film dresse le portrait d’une femme libre, indépendante et moderne qui si elle subit une accumulation d’échecs qui en briserait plus d’un, continue d’avancer pas à pas vers sa surprenante mais réjouissante destinée (prof de théâtre, les scènes que Jessica partage avec les enfants à qui elle enseigne, sont très fortes et émouvantes).
The Incredible Jessica James est un feel-good movie drôle et léger, tout en subtilité, qu’il serait dommage de bouder.
Sortie : 28 juillet 2017 sur Netflix
De : Jim Strouse
Avec : Jessica Williams, Lakeith Stanfield, Chris O’Dowd, Noël Wells…
3 Comments
Incredible Jessica James (2017)
Bon condensé critique de Tiffany Deleau sur :
http://www.screenreview.fr/critique-the-incredible-jessica-james/
https://www.senscritique.com/film/The_Incredible_Jessica_James/critique/135106624
On peut bien sûr toujours chercher des références ici ou là pour ce film. Mais pour ma part j’aimerais plutôt souligner sa curieuse originalité.
Un film « romantique » Netflix / Sundance.
Mais rien à voir avec la daube qu’on nous sert habituellement sous ce terme de « romantique ».
Ici tout est frais, jeune, rapide, intense et assez peu conventionnel.
« La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles. L’homme y passe à travers des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers » – Charles Baudelaire.
C’est l’histoire apparemment simple d’une rencontre.
D’un côté, on a à faire à une jeune noire pétillante, proche de la trentaine. Elle espère percer dans le théâtre professionnel, mais essuie des refus.
Elle se rabat donc sur des stages pour enfants qui visent à les sensibiliser à cette discipline. Travail qu’elle prend très au sérieux et pour lequel elle se donne à fond. Elle s’y implique trop sans doute.
C’est une jolie jeune femme très moderne et bien dans sa peau. D’apparence solide elle se considère cependant fragile.
Elle n’a pas froid aux yeux. Et bien qu’elle y mette les formes, elle dit généralement ce qu’elle pense.
C’est aussi une copine fusionnelle.
C’est enfin une citadine accomplie, en phase avec les dernières tendances sociétales. Elle cède donc à la mode intellectuelle de la théorie du genre.
De l’autre côté on trouve un blanc urbain, proche de la quarantaine, plutôt sérieux et du genre geek installé et civilisé. Il a réussi à commercialiser une application et vit de cela.
Bien qu’au premier abord il semble plus effacé, il a de la répartie également.
Tous deux sortent difficilement d’une rupture récente.
L’humour, un certain esprit, et un « je ne sais quoi » les rapprochent voire les aimantent très rapidement.
Mais la situation reste en devenir et demeure fragile. Il y a tout un jeu intéressant à ce sujet. Rien n’est complètement déterminé et ce d’autant plus qu’il leur reste encore une certaine attirance pour leur ex.
Une puissante force les rapproche et une force moindre les éloigne.
Ces dilemmes sont figurés ici par des rêves éveillés, qui sont des sortes de jeux de rôle virtuels. Cela change des flash back.
Ils sont fondamentalement différents. Mais lui et elle s’accordent pour mettre en avant la sincérité. Autant que possible. Ils sont déjà assez subtils et complexes comme ça, il ne faut pas en rajouter.
Bien que les situations amoureuses soient classiques (1+1=1 ? 2 ?), elles sont traitées sur un ton beaucoup plus actuel. Par jolies petites touches, sans aucune mièvrerie.
C’est très libre. Et quand cela prend le risque d’être cru et direct, cela reste délicat.
Même les scènes d’amour « physique » sont charmantes, sans une once de vulgarité. Mais bien sûr, elles se passent tout de même sous la couverture !
Le film fourmille d’idées et de bonnes répliques.
On a le privilège de regarder de jolies vies ordinaires, avec de belles âmes. Le tout est servi par des dialogues jubilatoires (dans la V.O en tout cas)
On nous gratifie également d’interrogations discrètes et indirectes sur le sens, sur les valeurs, sur la relation, sur les décalages entre les uns et les autres.
Pas de pathos. Pas de prises de têtes. Pas de thèses fumeuses. Les personnages sont comme ils sont. C’est à dire peu ou prou eux-mêmes et comme nous tous. Et c’est bien comme cela.
Cela passe très vite et on ne s’ennuie jamais.
L’actrice principale Jessica Williams (27 ans lors du tournage) est incroyablement vivante et réelle. Elle est toujours en mouvement.
Le générique initial nous la montre dansant avec humour jusqu’au toit de son immeuble.
Elle a un jeu puissant et impressionnant de naturel. Elle est cool.
Elle a été recruté dès 2012 dans l’émission de télé satirique US, le Daily Show.
Très prometteuse au cinéma !
L’autre premier rôle est tenu par l’acteur irlandais Chris O’Dowd (37 ans à l’époque). A priori, il est peu probable dans cette situation, mais il remplit parfaitement le contrat.
Comme il joue plus effacé, et je ne sais pas si c’est voulu, il laisse vraiment la première place à Jessica Williams.
Il a lui de nombreux films à son actif (je l’ai apprécié dans Juliet, Naked (2018))
Dans cet opus, tout le monde est à la hauteur, grands rôles comme petits rôles. Même les enfants sont réalistes, ce qui est assez rare au cinéma.
Ce film n’est pas juste bon, il est parfaitement juste et bon.
Bien sûr, ce n’est pas Roma, ni La ballade de Buster Scruggs, ni The House that Jack Built, ni Knight of cups, ni Ex machina et j’en passe et sans doute des meilleurs.
Ce n’est donc pas une œuvre révolutionnaire.
C’est une réalisation qui n’a pas besoin de laisser de traces dans l’histoire. Et pourtant ce n’est pas un produit de consommation qu’on jette après l’usage.
C’est « un bon film », au sens noble du terme.
Un genre qui se suffit à lui-même et comme on aimerait en voir plus souvent.
N’en déplaise aux critiques un brin hautains et condescendants.
Grâce à son humanité profonde, il arrive à communiquer une sacrée dose d’espérance.
Ce projet audacieux que la paix puisse régner sur la terre, que l’amour guide enfin les hommes et que la joie soit dans les cœurs.
Ce rêve fou qui est loin de se réaliser au quotidien.
Vous ne demandez pas à vos amis, à vos amours, d’être des génies. Vous souhaitez juste qu’ils soient là bien présents, proches de vous. Vous les voulez tout entier, aimables et rassurants.
Et ce film a vraiment quelque chose de cela. Un petit plus généreux et qui rend cette commette du cinéma si proche et si lumineuse.
Sous réserve qu’on regarde du bon côté du ciel.
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