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*Spoilers*
Au chili en 1973, le Président Salvador Allende est destitué après le coup d’Etat du général Pinochet. Etudiant allemand pro-Allende, Daniel se fait arrêter avec sa petite amie Lena par les nouvelles milices au pouvoir. Si Lena s’en sort, Daniel est embarqué vers la Colonia. La jeune femme décide de rejoindre cette secte isolée dirigée par le célèbre Paul Schäfer afin de sauver son amoureux.
Dès la lecture de ce sypnosis, on comprend que Colonia est majoritairement centré sur le personnage de Lena. Emma Watson, parfaite dans le rôle, est beaucoup mise en avant. On ne va pas s’en plaindre, difficile de ne pas aimer l’ancienne interprète d’Hermione Granger. Mais peut-être aurait-il fallu alors reconsidérer le titre du film ? L’intrigue trop axée sur l’abnégation de la jeune femme et sa belle et dangereuse preuve d’amour, délaisse ce qui constitue le point le plus intéressant du film, la colonie elle-même.
Colonia est en effet tiré d’une histoire vraie. Pour ceux qui ne connaissent pas Paul Schäfer, ce dernier était un homme de la pire espèce. Brancardier nazi durant la seconde guerre mondiale, il crée par la suite une soi-disante église pastorale pour accueillir de jeunes orphelins. C’est du moins la version officielle. En vrai, Schäfer est un pédophile notoire. Des pulsions qu’il continue d’assouvir quand il s’installe en Argentine en 1961. Il fonde alors la Colonia Dignidad, secte où se cachent d’anciens nazis et où sont torturés les opposants de Pinochet, bon pote de Schäfer. Bien sûr, en bon leader idolâtré, il en profite pour séparer les enfants de leurs parents… En 1996, plusieurs jeunes portent plainte, Schäfer prend la fuite. Il ne sera arrêté qu’en 2005 et mourra en prison en 2010…
Lena et Daniel sont jeunes, beaux, amoureux, romantiques, courageux… Mais ils n’ont pas existé et si on se laisse prendre au jeu, ils parviennent un peu trop facilement à se sortir de leurs mésaventures (la fin a même un petit goût d’Argo). Schäfer a lui réellement existé et pourtant ce qu’il a été et ce qu’il a fait, passent au second plan face à l’histoire du couple. Le plus gros défaut de Colonia, oeuvre très honorable et distrayante malgré tout, réside là. Ici, tout est suggéré et les héros passent à travers les mailles du filet d’un Schäfer dont la véritable personnalité est à peine dévoilée. Un peu comme Invincible d’Angelina Jolie, le film manque de profondeur. Encore une fois, Hollywood édulcore les faits. Comme si le spectateur était un être trop fragile pour supporter la vérité.
Sortie : 20 juillet 2016
De : Florian Gallenberger
Avec : Emma Watson, Daniel Brühl, Michael Nyqvist, Richenda Carey, Vicky Krieps, Jeanne Werner, Julian Ovenden…
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