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Après le surestimé Drive et le mal-aimé Only God Forgives, Nicolas Winding Refn a une nouvelle fois divisé la critique avec son nouveau film qui suit la percée de la jeune Jesse dans le monde de la mode. Autant sifflé qu’applaudi au dernier festival de Cannes où il était en compétition, The Neon Demon est une oeuvre unique qui ne laissera personne indifférent. Cinéaste à tendance narcissique, Refn a tendance à se regarder filmer. Mais si son film peut parfois sembler quelque peu prétentieux, il n’en reste pas moins intelligent et captivant. Tant sur le fond que sur la forme. 5 raisons d’aller voir The Neon Demon.
Elle Fanning
Avec le rôle de Jesse, Elle Fanning entre définitivement dans la cour des grands. Parfaite dans chacun de ses films, elle trouve auprès de Refn son personnage le plus complexe. À l’instar de Jesse, elle devient femme sous nos yeux au détour d’un scène centrale. Lors de son premier défilé, le jeune mannequin opère une mue irréversible. La débutante innocente se transforme en ‘The Neon Demon”, une beauté menaçante consciente de ses atouts. L’humble jeune fille bascule du côté obscur de la mode et se laisse sciemment possédée par le démon de l’apparence et de la vanité. Une scène ensorcelante.
Un casting féminin complexe
Si Jesse est l’héroïne de The Neon Demon, Refn ne laisse pas de côté le reste de son casting féminin. Chacune est inoubliable, impeccable dans le rôle qui lui est confié. Bella Heathcote qu’on a pu voir dans Dark Shadows, est aussi artificielle que Jesse est naturelle. Femme quasi bionique à force de chirurgie esthétique, elle sent que la nouvelle venue pourrait bien lui faire de l’ombre. Abbey Lee, découverte dans Mad Max : Fury Road, est certainement la plus mystérieuse. On sait du moins qu’elle a conscience que sa carrière est sur le déclin et perçoit Jesse comme celle qui pourrait y mettre le point final. Reste Jena Malone. L’interprète de Johanna dans la saga Hunger Games, incarne une maquilleuse qui prend immédiatement Jesse sous son aile et développe pour elle une obsession bien équivoque. Ensemble, elles forment un trio fascinant car énigmatique jusqu’à la fin.
Une photo « papier glacé »
Film sur la beauté tant physique qu’immatérielle (Jesse est aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur), The Neon Demon se devait d’être visuellement irréprochable pour aborder un tel sujet. Mission réussie pour Nicolas Winding Refn, même si ce dernier a tendance à verser dans la masturbation intellectuelle. On pourrait reprocher au film sa photo très clipesque mais c’était le visuel le plus approprié. Face à The Neon Demon, on plonge littéralement au sein des fameuses pages de papier glacé.
Le symbolisme
Avec David Lynch (Mulholland Drive), Henri-Georges Clouzot (L’enfer) ou encore Dario Argento (Suspiria), Refn semble s’être inspiré de Brian de Palma. Difficile de ne pas penser à l’ambiance sombre et érotique de films comme Body Double ou Pulsions. Une atmosphère qui vire parfois au mysticisme grâce au rythme lent du film tourné en 60 images par seconde. Un effet renforcé par les symboles et autres inspirations qui peuplent The Neon Demon. On pourrait s’amuser à compter le nombre de triangles inversés, symbole de la femme et de puissance, mais on préfère les références aux créatures démoniaques (vampires, cannibales, nécrophiles, sorcières, la comtesse Báthory…) censées représenter les personnes peuplant le monde de la mode : ces suceurs de vie et de beauté prêt à vider les plus candides de toute leur substance, à les avaler tout cru…
Et la musique sensorielle de Cliff Martinez !
Bilan
Le sujet est là : “Beauty isn’t everything. It’s the only thing”. The Neon Demon est un film parfois prétentieux, très graphique et même un peu frustrant mais c’est aussi une oeuvre envoutante, intelligente et excitante comme on en voit peu. Une création qui hante les esprits et s’imprime sur la rétine du spectateur. Comme Jesse, on se laisse bien volontiers dévorer par The Neon Demon.
Sortie : 8 juin 2016
De : Nicolas Refn Winding
Avec : Elle Fanning, Jena Malone, Abbey Lee, Bella Heathcote, Keanu Reeves, Christina Hendricks, Karl Glusman, Desmond Harrington, Alessandro Nivola…
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