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Macbeth se déroule en Écosse, au XIème siècle. Voilà ce qu’il en est pour les unités de lieu et de temps… Concernant l’unité d’action, la pièce raconte comment son héros, le chef des armées parvient sur le trône en tuant le roi. Un régicide prémédité par sa femme, Lady Macbeth, et qui leur fera tour à tour perdre la raison.
Allergique au théâtre ou à Shakespeare, fuyez Macbeth. Après Orson Welles et Roman Polanski qui avaient déjà porté sur grand écran la pièce de théâtre, Justin Kurzel dit avoir voulu moderniser cette histoire “pleine de bruit et de fureur”*. Mais on a bien dû mal à percevoir ce qui a pu être réactualisé ici. Si le cinéaste australien évite le piège de la réalisation poussiéreuse, mieux vaut (re)voir le Roméo et Juliette de Baz Luhrmann pour une oeuvre shakespearienne remise au goût du jour. Comme chez Kurzel, le texte du dramaturge britannique avait été conservé mais la mise en scène plus dynamique nous tenait davantage en éveil.
Macbeth est un film très inégal. Si certains passages sont d’un ennui mortel (trop de répliques grandiloquentes), d’autres sont au contraire extrêmement passionnants. La direction artistique ne gâte rien et la photo (surtout la photo) est d’une beauté inouïe. Scènes de guerre spectaculaires, séquences contemplatives au beau milieu des plaines rocheuses écossaises… Si le film n’a rien d’un chef d’oeuvre, il en est visuellement un. Macbeth, c’est aussi des performances édifiantes. Devant les excellents Paddy Considine et Sean Harris, Michael Fassbender délivre une performance habitée et hallucinée dans la peau d’un roi-soldat parano et impitoyable. Il brille aux côtés de Marion Cotillard qui trouve dans le personnage de la trop ambitieuse et hâtive Lady Macbeth, son meilleur rôle en langue anglaise. Tous deux forment un couple glamour mais terrifiant avant de tomber dans la folie, celle de Macbeth est sanguinaire, celle de son épouse est plus silencieuse mais tout aussi sournoise et auto-destructrice. Un duo ciné de qualité qu’on retrouvera fin 2016 à l’affiche de l’adaptation ciné du jeu vidéo Assassin’s Creed réalisée par… Justin Kurzel.
Macbeth est un film d’une prodigieuse beauté, une oeuvre sanguine et animale teintée d’une noirceur profondément humaine. Dommage que le tout pâtisse de trop nombreuses longueurs.
*”La vie n’est qu’une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s’agite durant son heure sur la scène, Et qu’ensuite on n’entend plus. C’est une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, Et qui ne signifie rien” (Macbeth, Acte V, scène 5).
Sortie : 18 novembre 2015
De : Justin Kurzel
Avec : Michael Fassbender, Marion Cotillard, David Thewlis, Paddy Considine, Jack Reynor, Sean Harris, Elizabeth Debicki…
1 Comment
Bon, en même temps, si les « répliques grandiloquentes », ce sont celles écrites par Shakespeare, c’est un peu délicat d’en faire le reproche, non ? Sauf à dire que Macbeth est une mauvaise pièce, mais ça, c’est une position qu’il faut se donner les moyens de défendre !