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Pour ses débuts de réalisateur, le scénariste Alex Garland (La Plage, 28 jours plus tard, Sunshine), se lance dans un genre qui a toujours séduit les cinéastes : l’intelligence artificielle. Un thème fascinant mais dont le filon commence vraiment à s’épuiser. Her, Terminator, Blade Runner ou encore A.I. Intelligence artificielle… les films sur le sujet ne manquent pas.
Dans Ex Machina, un programmeur nommé Caleb est invité par son patron Nathan à passer la semaine dans sa maison-bunker afin d’étudier sa dernière création. Un robot ultra-perfectionné qui répond au nom d’Ava. Il lui demande d’aller au-delà du test de Turing* et de découvrir si elle possède une conscience propre.
Prix du Jury au dernier festival de Gérardmer, le premier film d’Alex Garland est un huis clos des plus intrigants, aussi glacial qu’élégant (le film a été tourné en Norvège). Face à cette ambiance oppressante où on ne sait plus que et qui croire (qui ment ? qui manipule qui ?), on a souvent le sentiment d’un Hitchcock 2.0. On pardonne même à Alex Garland, sa mise en scène quelque peu prétentieuse par moment. On a en effet parfois l’impression que le réalisateur « s’écoute et se regarde filmer ». Mais si la première partie du film fait preuve d’une intelligence rare, on décroche vers la fin. Quelque peu glauque et racoleuse, celle-ci fait perdre de son intérêt au film. Alex Garland s’échappe vers une direction décevante car plus facile, alors que jusqu’ici, Ex Machina était une œuvre philosophique (qu’est-ce qui fait de nous des humains ?) menée par un trio d’acteurs impeccables. Alicia Vikander, interprète de la mystérieuse Ava, en tête. Ex Machina n’en reste pas moins des débuts vraiment prometteurs.
*Le test de Turing a été imaginé par le mathématicien Alan Turing (dont Imitation Game est le biopic). Le concept ? Une machine passe avec succès le test si l’humain avec lequel elle s’engage dans une discussion est incapable de deviner qu’elle converse avec une machine.
Sortie : 3 juin 2015
De : Alex Garland
Avec : Alicia Vikander, Oscar Isaac, Domhnall Gleeson…
3 Comments
On ne dit pas programmateur mais programmeur 😉
La fin est géniale à mon sens, l’IA ne peut que réagir comme cela si elle passe le test de turing.
Spinoza l’explique très bien : le 1er désir de la vie est de persévérer dans son être, donc ne pas mourir et c’est valable pour n’importe quel être vivant, du végétal à l’homme 😉
Donc l’IA, la vraie, c’est Terminator assuré …
Oui programmeur et pas programmateur, en effet. Je corrige ça.
Je trouve votre analyse vraiment pertinente et e partage votre avis. C’est plus l’effet racoleur de la seconde partie du film qui m’a dérangé que la fin réservée à Ava. C’est d’ailleurs une revanche pour elle en tant que membre du genre féminin.
Aucun mérite pour programmeur, c’est mon métier et 95% des gens font l’erreur 😉
Merci pour l’analyse, je m’intéresse pas mal à ces questions, et plus j’apprends, plus je flippe de ce que l’humanité est en train de faire … Pas pour moi, mais pour mes filles.
La philo est pour moi un passage obligé pour comprendre le monde et Spinoza m’a vraiment mis une claque avec son analyse de l’âme humaine. Sûrement parce qu’il le fait de manière mathématique sous forme de théorème et, vu ma formation, cela me parle vraiment …
J’en retiens l’équation : Désir = joie et/ou tristesse
Tout est là, c’est presque magique, mais Frédéric Lordon en parle beaucoup mieux que moi 😉
Pour info, l’IA est prévue pour 2070-80 d’après les spécialistes du domaine, enfin, si l’humanité arrive jusque là … 😉