***

Méchante belle-mère sous la plume de Giambattista Basile (1634) puis sorcière sans nom chez Charles Perrault (1697), elle devient Maléfique dans La Belle au Bois Dormant. Le dessin animé de 1959 ne s’intéressant aucunement à ses funestes motivations, Disney répare cet impair avec Maléfique qui se consacre à ses origines et revisite au passage son histoire et donc celle, intrinsèquement liée, de la princesse Aurore.
Oscarisé par deux fois pour les cadres enchanteurs d’Avatar et Alice au pays des merveilles, puis décorateur en chef sur Le Monde fantastique d’Oz, Robert Stromberg réalise avec Maléfique, son premier long-métrage. Un film devant lequel on pense beaucoup au préquel du Magicien d’Oz. En effet, Maléfique n’est pas sans rappeler la méchante sorcière de l’Ouest incarnée par Mila Kunis. Mais si le film de Sam Raimi est digne de véritables montagnes russes, Maléfique relève plus du récit contemplatif. Plutôt destiné aux enfants (Disney oblige), les adultes pourront toujours se laisser séduire par les incroyables maquillages de Rick Baker ou les magnifiques costumes d’Anna B. Sheppard. Mais c’est la prestation d’Angelina Jolie qui habite littéralement son personnage qui finit de nous charmer. Si Maléfique n’est pas son meilleur film, il lui offre l’un de ses meilleurs rôles. L’actrice incarne une femme tiraillée entre son désir de vengeance et une affection inattendue pour Aurore, une femme fatale à la fois puissante et touchante. De son côté, Elle Fanning interprète une charmante princesse innocente sans en faire une ado mièvre et naïve. On aime chacune de leurs interactions. Avec Maléfique, Robert Stromberg signe une histoire plus belle et émouvante que le Disney d’origine et place la femme au centre du monde. Un joli conte féministe sur l’amour et la loyauté.

Titre original : Maleficent
Sortie : 28 mai 2014
De : Robert Stromberg
Avec : Angelina Jolie, Elle Fanning, Sam Riley, Sharlto Copley, Brenton Thwaites, Juno Temple, Imelda Staunton, Ella Purnell, Lesley Manville, Vivienne Jolie-Pitt…