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Après la mode des films de vampires, Hollywood continue de surfer sur celles des dystopies avec Divergente. Dans un avenir proche, Chicago est divisé en cinq factions : les audacieux, les altruistes, les érudits, les fraternels et les sincères. A l’âge de 16 ans, Béatrice alias Tris doit choisir son camp. Elle est née altruiste mais décide de quitter sa famille pour rejoindre les audacieux.
Un sous-Hunger Games
Cinq factions contre douze districts et une ado rebelle en guise d’héroïne, devenant malgré elle le symbole d’une liberté perdue… Si l’intrigue de Divergente ressemble de près à celle d’Hunger Games, son impact en est lui, très loin. Moins dramatique, moins puissante tant par son propos que les performances des acteurs, l’adaptation de l’œuvre de Veronica Roth est très en dessous de celle de Suzanne Collins. Ici, tout est simple et manichéen. Les gentils altruistes sont menacés par les méchants érudits (apparemment pour Roth, la connaissance est le mal incarné) qui se servent des audacieux, trop primaires pour comprendre qu’ils se font manipulés. Heureusement l’héroïne et son love interest sont là pour nous rappeler qu’on peut être désintéressé, brave, intelligent, solidaire et honnête à la fois… Leçon de vie niveau collège !
Un film sans surprise
Le film reste sensiblement fidèle au livre. Résultat, Divergente est à son image, outrageusement long. Il faut bien une heure trente à Neil Burger pour nous faire découvrir les personnages et le monde des audacieux avant de nous faire rentrer dans le vif du sujet. Avant que les véritables enjeux ne se mettent en place, on vit (ou plutôt subit) l’initiation physique puis mentale de Tris. Avec 85 millions de dollars, Divergente se révèle scandaleusement artificiel, pour ne pas dire « fake ». Les scènes de combat sont peu impressionnantes pendant que les novices font du footing sur Run Boy Run de Woodkid. Dans le genre convenu, on ne fait pas mieux. Neil Burger (L’illusionniste, Limitless) aurait pu faire la différence s’il avait conservé la violence du roman (son unique qualité). Ici, les affrontements entre nouvelles recrues ne sont pas plus terribles qu’une bagarre de récré quand dans le livre, les visages de celles-ci sont littéralement tuméfiés. Le personnage de Peter (Miles Teller, excellent) en est le pur exemple. Dans la version ciné, il reste un gamin pédant qui taquine plus qu’autre chose ses camarades quand dans le livre, il ne rate pas une occasion de les humilier, voire même de les mutiler, pour arriver ses fins.
Une romance sans charme
Difficile de passer après des films Young Adult (« jeunes adultes ») aussi réussis qu’Harry Potter ou Hunger Games. Divergente tire lui trop du côté de Twilight. Pas de vampires à l’horizon mais une romance pas une seconde intéressante, et qui aura bien faire rire les spectateurs deux heures trente durant. La faute en partie, à des acteurs qui sans être foncièrement mauvais, ne sont pas impliqués et lésés dans leur prestation par la vacuité de leur personnage. Shailene Woodley (révélation de The Descendants, et incroyablement fine et subtile dans The Spectacular Now) minaude ici plus qu’elle ne joue tandis que Theo James, inoubliable amant turque de Lady Mary dans Downton Abbey, voit son potentiel de jeune premier hollywoodien gâché par un personnage faussement mystérieux. Le reste du casting fait le job sans conviction. Seul Jai Courtney semble prendre du plaisir dans la peau d’Eric, leader bourreau audacieux à la solde des érudits.
Bilan
Étudiante en psychologie quand elle écrit le premier tome de Divergente, Veronica Roth semble avoir simplement mis par écrit ses fantasmes de jeune femme. Du coup, le film comme le roman a plus des airs de fan fiction. Ça se veut du côté de George Orwell ou d’Aldous Huxley quand ça ne va pas plus loin qu’un Twilight à la sauce Hunger Games. Au final, Divergente est un film plutôt fun mais peu transcendant, validé par les studios dans l’unique but de mettre en place une nouvelle franchise.
Titre original : Divergent
Sortie : 9 avril 2014
De : Neil Burger
Avec : Shailene Woodley, Theo James, Kate Winslet, Miles Teller, Zoë Kravitz, Jai Courtney, Maggie Q, Ansel Elgort, Ben Lloyd-Hughes, Ray Stevenson, Ashley Judd, Tony Goldwyn, Mekhi Phifer, Christian Madsen…
2 Comments
Salut,
Divergente est un magnifique film, vraiment bien réalisé et ayant une histoire très intéressante. Cet opus me fait beaucoup penser à Hunger Games. Si vous avez aimé ce dernier, vous apprécierez certainement Divergente.
A la lecture de votre critique j’ai l’impression qu’on a pas vu le même film. je ne suis pas du tout d’accord avec cette critique. Je suis loin d’être ado et autant dans twilight tout traine en longueur autant ici le rythme est bien mené. Et oui il faut bien un premier film pour poser l’ensemble du cadre. je trouve que le livre est plus proche des jeunes ados et le film des adultes. le personnage de quatre est plus mature et plus cohérent dans le film qu’il ne l’est dans le premier tome. J’ai donc adoré ce film pour ma part !