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SPOILERS
Le Hobbit : Un voyage inattendu était une mise en bouche au souffle homérique. On attendait avec impatience la suite de ce spectacle empreint de nostalgie. Dommage que la magie ne soit pas au rendez vous.
L’action reprend là où on l’a laissée. Les treize nains, Bilbon et Gandalf sont toujours en chemin vers la Montagne solitaire pour récupérer les biens volés par Smaug le dragon. Mais la route qui mène au Royaume d’Erebor est semé d’embûches et surtout d’orques déterminés à faire tomber Thorin et ses hommes.
Le site Pajiba compare le film à un « Pirates des Caraïbes avec des orques ». Sans aller jusque là, il est vrai que ce second volet n’est pas à la hauteur de nos espérances sans pour autant être dénué de qualités. On était pressé de se retrouver une nouvelle fois en Terre du milieu mais l’excitation ressentie l’an dernier est finalement retombée. Passage en revue du Hobbit : La Désolation de Smaug.
LES MOINS
UNE ATMOSPHÈRE TROP ENFANTINE. La première des déceptions devant La Désolation de Smaug est de se rendre compte à quel point Le Hobbit de Tolkien était bel et bien destiné à un public plus jeune que celui du Seigneur des anneaux. La faute en revient essentiellement à Peter Jackson qui n’essaye même pas de s’éloigner de l’esprit trop enfantin du roman. Ainsi au lieu d’exploiter la relation entre l’anneau et Bilbon qui dévoile des prémices d’addiction, il préfère se concentrer sur la grâce toute guerrière des elfes et les pitreries des nains, rallongeant comme il peut sur trois heures la centaine de pages du livre qui aurait pu être adapté en deux, voire un film. À ce titre, la scène des tonneaux est assez pénible à regarder. S’il n’y à rien redire côté effets spéciaux, on s’ennuie devant cette course-poursuite très très longue, absurde, et peu drôle.
GANDALF. On ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine affection pour le seul sorcier au monde à ne jamais utiliser ses pouvoirs. Le fait qu’il soit incarné par Sir Ian McKellen aide pas mal aussi. Mais si ne pas user de sa magie peut encore passer, on est sidéré de le voir aller se mettre carrément dans la gueule du loup. Alors que Gandalf suspecte le retour de Sauron dans sa forteresse de Dol Guldur, il ne trouve rien de mieux que de s’y rendre vérifier sa théorie. Il n’y aurait pas de film sans quelques rebondissements mais c’est irritant à force, de voir un personnage si appréciable, prendre une décision aussi stupide.
THORIN. On le voyait déjà comme le successeur d’Aragorn mais pour citer ses propos à l’égard de Bilbon à la fin de l’épisode précédent : « Je ne me suis jamais autant trompé de toute ma vie ». Alors qu’on était sous le charisme héroïque du Roi sous la Montagne dans Un Voyage inattendu, il est ici tout simplement insupportable. S’il est parfaitement en droit de vouloir reconquérir sa Terre, son Royaume, sa maison… il n’a que son or à la bouche. Il est aussi obsédé par son trésor que Gollum peut l’être par l’anneau. Mais ce qui est une dépendance touchante chez Sméagol est infernal chez le nain qui est d’une ingratitude affligeante envers le pauvre Bilbon. Thorin baissant dans notre estime, on lui préfère nettement le réfléchi Balin, seul nain ou presque à soutenir un tant soit peu le hobbit et le charmant Kili, qui hérite d’une love story inattendue et improbable.
A MÉDITER
TAURIEL. Si on comprend et respecte le désir de Peter Jackson d’apporter une touche féminine à la trilogie du Hobbit peuplé uniquement d’hommes ou du moins, de personnages masculins, on est néanmoins perplexe devant l’intrigue qui la concerne. Inventée de toute pièce par le réalisateur, Tauriel est un mix entre la grâce d’Arwen et l’ardeur au combat d’Eowyn. S’il est facile de crier au sacrilège, il faut reconnaître qu’on adore la voir mettre à terre tous les orques qui osent croiser sa route. On admire également son ouverture d’esprit, qualité peu fréquente chez ses compatriotes. Par contre, on se demande bien quel est l’intérêt de la placer au sein d’un triangle amoureux, si on peut vraiment parler de triangle. Elle a en effet jeté son dévolu sur Kili qui n’a d’yeux que pour la belle elfe tandis que Legolas ronge son frein dans son coin. C’est bien joli et gentil mais ça ne fait que ralentir le rythme déjà peu alerte du film tandis que leur romance semble hors contexte avec l’imminent retour aux affaires de Sauron et le prochain massacre annoncé de Smaug.
LES PLUS
SMAUG. Après deux heures d’attente, l’apparition du dragon est le clou du spectacle. Le film bénéficie d’effets spéciaux incroyables qui approchent de la perfection quand on le découvre enfin. Ce dernier est bien bavard pour un cracheur de feu réputé tyrannique et sans pitié mais on conçoit qu’après des années de solitude, Smaug n’est pas contre une petite conversation avec Bilbon qui se montre le plus affable possible, histoire de sauver ses fesses. En fait, leur entrevue a beau être quelque peu insensée, elle nous permet de souffler entre de longues scènes d’action mais surtout de nous retrouver seul avec les deux meilleurs personnages de ce second volet.
BILBON. Pour ceux qui en doutaient auparavant, Bilbon est le véritable héros de cette nouvelle trilogie. Quelqu’un doit le crier haut et fort, le hobbit se tape tout le travail à la place des nains et les sauve sans cesse des pires situations. Gandalf ne s’y est pas trompé en le choisissant comme cambrioleur. Martin Freeman est génial dans la peau de ce petit homme drôle, touchant et extrêmement courageux. Un hobbit hardi qui n’a pas une seule seconde conscience du pouvoir obscur de l’anneau et risque sans hésitation sa peau pour accomplir sa mission. Sa bravoure égale la fierté de Thorin dont la condescendance à son égard est intenable.
BILAN
Le Hobbit : La Désolation de Smaug est clairement le plus mauvais film qui se déroule en Terre du milieu (sagas du Hobbit et du Seigneur des anneaux confondues). On déteste Thorin, Gandalf est inutile et le film échoue souvent à nous tenir en haleine à force de trop tirer sur la corde. Malgré tout, ce second chapitre reste une aventure extraordinaire, les images sont incroyables et son héros terriblement attachant. Le tout s’achève sur un cliffhanger prévisible mais réussi, qui nous oblige mais avec grand plaisir, à assister au troisième et dernier épisode qu’on espère plus épique.
Titre original : The Hobbit : The Desolation of Smaug
Sortie : 11 décembre 2013
De : Peter Jackson
Avec : Ian McKellen, Martin Freeman, Andy Serkis, Richard Armitage, Ken Stott, Graham McTavish, William Kirher, James Nesbitt, Stephen Hunter, Aidan Turner, John Callen, Peter Hambleton, Jed Brophy, Mark Hadlow, Adam Brown, Ian Holm, Elijah Wood, Cate Blanchett, Hugo Weaving, Christopher Lee, Lee Pace, Orlando Bloom, Evangeline Lilly…
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